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Affichage des articles associés au libellé Aline Coton

Le temps long

Le papillon porte le temps long sur ses ailes en couleurs chatoyantes en insaisissable légèreté en silence en un jour ou deux seulement il aura brûlé sa vie. peinture de Aline Coton

À l'école

Finalement, ces gosses sont plus intéressantes que leurs réponses évasives ou mécaniques ne le laissaient augurer, au début de l’année. Plus intéressantes et plus secrètes à mesure des leçons. Comme si chaque nouvel exercice éclairait une qualité, un trait de caractère que je n’avais pas décelés. Ou mal appréciés. Un éclairage nouveau avec ses ombres portées nouvelles, aussi. La petite Léa que je croyais sotte est surtout très timide. Depuis quelques jours, elle réussit à s’exprimer par phrases. Lesquelles offrent parfois des trouées de ciel bleu revigorantes : nos tristesses remises… et tablées indolentes. L’interroger plus souvent... Le genre qui s’agenouille devant l’oiseau... Où a-t-elle appris cette grâce ? Isabelle Pouchin, Le roman-poème de Berthe et Emma , Gaspard Nocturne, 2014 Photo, Aline Coton

Anna

Des semaines qu'Anna avance dans la maison et visite tout de fond en comble. Ce matin seulement, elle accepte que Pauline lâche son doigt. Alors elle glisse, prudente, un pied, puis l'autre... Elle s'arrête. Elle regarde Pauline gravement, juste quelques secondes. Juste le temps que Pauline ait envie de pleurer, doucement, c'est elle qui est orpheline maintenant, elle a perdu son enfant. Elle pense : "Va ! Va seule ! Va loin ! Tu as de la route à faire. Des plaines et des fleuves et des montagnes sur ton chemin, qu'il te faut franchir seule. Va loin ! Va vite ! De l'autre côté de la montagne, tu verras, le soleil décline. Va ! Va sans moi ! Et n'oublie pas, n'oublie jamais, c'est moi qui t'ai fait cela. Je t'ai ordonné de partir. Je t'ai contrainte. Je t'ai laissée. La mort, tu l'affronteras sans moi. Tu es seule maintenant. Tu es toujours seule désormais. Tu es comme moi. Et nous ne serons plus jamais jointes. Souviens-to...

Le foulard

                  Kerchief In the morning folded with its flowers washed and ironed il takes up little space in the drawer. Shaking it open she ties it round her head. In the evening she pulls it off and lets it fall still knotted to the floor. On a cotton scarf among printed flowers a working day has written its dream. John Berger, 1981 painting by Aline Coton le poème de John Berger est paru dans "Ecrits des blessures", le Temps des cerises, 2007 en voir < ici > la traduction de Carlos Laforêt