Dans le fleuve d'Héraclite poisson pêche poissons, poisson équarrit poisson avec poisson tranchant, poisson construit poisson, poisson habite poisson, poisson s'enfuit de poisson assiégé. Dans le fleuve d'Héraclite poisson aime poisson, tes yeux, dit-il, brillent comme poissons au ciel, je veux nager avec toi jusqu'à la mer commune, ô, toi, la plus belle du banc. Dans le fleuve d'Héraclite poisson inventa poisson des poissons, poisson se met à genoux devant poisson, et chante, et prie pour que poisson lui accorde une nage légère. Dans le fleuve d'Héraclite moi poisson singulier, moi poisson distinct, (ne serait-ce que de poisson-arbre et de poisson-rocher), j'écris à mes heures petits poissons à l'écaille si furtivement argentée, que c'est peut-être la nuit qui cligne des yeux, perplexe ? poème de Wislawa Szymborska, traduit du polonais par Piotr Kaminski Quelques extraits du commentaire que Marcel Conche a fait de ce poème, dans Présence de la nat...
Tout est emprunté, même la vie.