L'enfance est la part fondamentale de l'humain. Elle est le socle et sans doute l'aboutissement de tout art. Je ne parlerais que d'elle si je le pouvais ; d'ailleurs, je ne parle presque que d'elle, ou à travers elle. Je ne suis pas le seul, nombre d'écrivains, de parents, d'enseignants, d'éducateurs, de soignants, de chercheurs, d'entrepreneurs, d'artistes... font de même, sans toujours le savoir. Arrivé à un âge avancé, je lis, le soir, de la littérature enfantine. Ce n'est pas une façon d'échapper à notre monde. Le monde qui m'est offert est le nôtre, corrigé par la fiction, animé par l'âme d'enfant — celle que l'on partage toutes et tous partout par le monde et par le temps. C'est un monde qui (se) passe des murailles — ce terme dur, que me souffle mon auteur du soir, dit ce que nous avons dressé (et dressons continuellement) devant nous, en nous, et entre nous, pour ne pas voir. Mais ce ne sont pas seulement...
Tout est emprunté, même la vie.