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Affichage des articles associés au libellé françoise Joly

Ragamu

     Au retour nous sommes passés en voiture devant le chemin qui mène au Cimetière aux ânes et nous l'avons salué du regard sans nous y arrêter. Comme si nous ne voulions pas éveiller tout de suite ses fantômes. Pour nous l'été commençait.     Ce lieu, je l'avais découvert avant de t'avoir rencontré, dans une existence antérieure pour reprendre une expression que tu affectionnais. J'étais alors une jeune brute inconsciente d'elle-même qui ne connaissait rien à la vie, l'humanité sous ses formes délicates et tendres m'était étrangère, j'étais insensible et froide sauf à certains paysages, à certains sites comme celui-ci.      À cette époque on ne passait pas par la route qui monte de Mude pour aller au Cimetière aux ânes mais par la route du haut, celle qui surplombe la baie de Morsiglia. Là, à la hauteur d'une croix qui servait de repère, un sentier à peine visible menait en plein maquis à ce que nous appelions la ligne des moulins...

Un poème de Françoise Joly

Le cœur s'est évadé s'il était resté à demeure il aurait fait corps avec la bouche aurait saigné aurait brûlé il se serait détaché de la bouche le cœur en cendres se serait tu Poème de Françoise Joly et dessin de Hania Chroboczek extraits de La chambre désencombrée, Les Editions du Net, 2016

L'autre jour (menaces du jour et de la nuit 2e partie)

L'autre jour je me suis rendue chez mon ami Félix comme je le fais très régulièrement. Je précise, mais cela n'a pas beaucoup d'importance, que je ne sais toujours pas si son prénom est celui de sa naissance ou s'il s'agit d'un nom d'emprunt. Félix, quelle gageure pour cet homme énigmatique et sombre. Je sonne à sa porte et comme toujours il met un certain temps à ouvrir, non par mauvaise volonté mais à cause du bruit des machines dans son atelier, il faut sonner plusieurs fois. De plus un long couloir sépare l'atelier de la porte d'entrée, le temps d'achever un geste, de déposer un outil et d'aller d'un bout à l'autre du couloir. Cette fois l'attente est suffisamment longue pour me permettre d'évoquer un temps qui n'est déjà plus. Avant, Didi, sa petite chienne, était la première à réagir à mon coup de sonnette, elle me reconnaissait aussitôt et lançait une suite d'aboiements à travers le couloir pour le prévenir d...