Le tout-monde Tout un monde Tout le monde Il faut de tout pour faire un monde reste mon expression préférée — celle que j'ai entendue de ma mère, qu'elle nous disait souvent peut-être. Ce qu'elle disait venait toujours de profond, même les choses apparemment banales, je ne crois pas avoir connu cela à ce point chez d'autres personnes. Elle écrivait de même. Mon père — qui écrivait bien, mais peu, comme elle, leur vie de modestes travailleurs ne leur en ayant pas trop donné l'occasion — lorsqu'elle admirait ce talent caché qu'il avait d'écrire en cachette des pages magnifiques qu'il nous lisait ensuite, mon père lui disait : oui, mais toi tu écris avec ton coeur. La profondeur de parole comme d'écriture de ma mère était un bienfait inégalé. Il lui venait de son enfance, de ses parents et de plus loin sans doute, de cette écoute et de cet amour du monde qu'ils avaient. Maintenant, il est en moi, indéracinable, grâce à eux et à mon enfance...
Tout est emprunté, même la vie.