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Affichage des articles associés au libellé Basilius Besler

Une parenthèse

ainsi la fleur pompe et vous avez peut-être raison de lier la grâce la couleur les dentelles des pétales aux limbes aux ordures aux corruptions du sous-sol après tout c'est bon sens ; le botaniste n'est pas là pour embellir – direz-vous il n'est pas un artiste encore moins un moraliste il observe, examine, recense, classe, décrit de la façon la plus neutre, sans rien ajouter de ses humeurs, de ses passions, de ses abois qui biaise trouble gauchisse l'analyse il s'efface il disparaît – la douce fosse sans doute est-ce la raison pour laquelle pas une seule fois dans cet herbier ne figure votre nom vous vous êtes retiré, soustrait complètement radicalement vous avez renoncé à ce cancer du Moi je ; Moi je bouffe, je baise, je pousse tout ce qui me porte ombrage Moi je suis la loi le monde le moment le monument Moi j'y suis j'y reste qui m'aime me suive la plante s'en contrefout la fleur s'en fiche des Eglises des Réformes et des Contre-...

Les mains

Les fleurettes blanches tremblent tremblent au moindre souffle d’air je vous vois penché sur le dessin de cette fleur dite «Le désespoir-du-peintre» je vous imagine ainsi penché sur votre table après vous être crevé les yeux à tant de beauté, dans le jardin – la rose de Damas, la rose cent feuilles, la rose cannelle, je vous imagine vous voulez le dessin parfaitement fidèle vous voulez la beauté encore, surtout la beauté ça se paie par des crampes dans les doigts, votre plume gratte la feuille, votre plume sévère de botaniste recommence l'élan de la tige l'arc du filet au bout les anthères orange bourses à pollen flottent vous ne savez pas encore en l'année 1600 que ces sacs sont la semence mâle, vous ne savez rien de la manière mathématique des gonades mais là, béant suant devant la page pestant parce que vos doigts sont insuffisants mais là, réfléchi pis qu'un moine vous tremblez déjà vous adoriez tout à l'heure, dans le jardin du prince...