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Affichage des articles associés au libellé Noëlle Combet

D'ambre et d'éternité

Il y eut tous ces chants d’oiseaux  déposés amoureusement dans la coquille de  ton oreille finement lobée, que je prenais entre mes lèvres, tous ces parfums de fleurs  offerts à tes narines qui les humaient en plénitude, toutes ces couleurs du printemps dont j’ai fait bouquets à ta contemplation, tous ces fruits que j’ai tendus à ta bouche gourmande. Ainsi, tu es devenu mon jardin. Des automnes t’ont délavé, des hivers t’ont desséché, des printemps t’ont fait renaître et des étés t’ont revêtu de rouge incandescent. Ainsi es-tu devenu le rythme de mes saisons. Et dans mes nuits, au plus loin de mes rêves, nous courons, défiant le temps, à travers les champs, partageons les pommes des paradis de rencontre et nous asseyons près de cet âne, si grave, au regard d’ambre et d’éternité profonde. Le temps, dans ses yeux, nous a oubliés. Noëlle Combet Peinture Annick Servant

Marcottage

     Je marchais et ce mot m’est re-venu, comme re-monté de la terre : marcottage. D’où le rencontrais-je donc ? Vague image de mon grand-père paysan mettant en terre une branche repliée en arceau à partir de la base d’un figuier. Me rejoignait-il de plus loin encore ? D’ancêtres lointains, vraisemblablement serfs comme semblent l’indiquer le patronyme maternel et la généalogie ? Selon le « De agri cultura » de Caton l’Ancien, diverses méthodes de marcottage permettent la multiplication des racines d’une plante, généralement selon une technique rhizomique. Mais il existe aussi le marcottage aérien, celui justement que j’allais effectuer sur  mon orchidée préférée dont une hampe avait refleuri à profusion et dont une autre avait produit un keiki (bébé, rejeton en hawaïen), c'est-à-dire un buisson de feuilles qui commençait à mettre des racines. J’allais devoir séparer le keiki de la plante, le placer dans de la sphaigne bien humidifiée protégée par un manchon ; ...

Rêve de saule

De lui à elle, un saule aux feuilles mouchetées d’étoiles. Elle a écrit le nom de ses amours sur la peau de l’arbre, les a murmurés, déclinés, les écoutant ricocher en elle ; s’est étendue sur le sol, s’enroulant autour du tronc, est restée là, solitaire, à écouter la nuit des grillons, à réinventer les lucioles, à pressentir les froissements, les sons rauques, les souffles profonds et l’étrange allant des oiseaux, la résonance avec le hasard d’en haut. Noëlle Combet, 2015 Peinture de Soaz Saahli, 2015

Accord

En fermant les yeux, Je ressens, accord se prolongeant, Ce moment d’émotion du début de l’été… Dans les acacias, au-dessus des églantiers, les rossignols, leur chant, qui me soulève ; plus bas, le callistémon balance ses fleurs rouges duveteuses floutant d’un voile les formes alentour ; un lavis rouge colore les trilles des rossignols. Tant de beauté m’étreint, s’entremêlant à la vague porteuse, de mes amours… et roule mon cœur, rouge galet jusqu’à aujourd’hui encore… zigzagant sur la pente du temps. Le premier gland tombé fait sonner à l’instant une tuile du  toit. Noëlle Combet, D'un accord (re) tenu,  2015 de Kooning, two figures in a landscape, 1950