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Affichage des articles associés au libellé Martine Magris

Anna

Anna lentement s'achemine vers elle-même. Elle a le temps. Elle regarde souvent au travers des fenêtres. Elle se tait beaucoup. Elle écrit un livre à cause de son père. Elle pense à cet homme absent qui l'empêche de vivre. Parfois elle se réveille avec son prénom au bord des lèvres... Raphaël... Alors elle comprend qu'elle a rêvé de lui. Il s'est glissé dans son sommeil. Il s'est blotti contre elle. Dans la nuit, comme un enfant. Toute la nuit dans les bras d'Anna. Sa fille adorée, l'infiniment tendre, l'amoureuse passionnée. Celle qu'il a laissée avant même de la connaître. L'amour, le bonheur, la simplicité semblent parfois effrayants. Martine Magris, Anna ou la première œuvre, Gaspard Nocturne 2003 Henri Matisse

Anna

Des semaines qu'Anna avance dans la maison et visite tout de fond en comble. Ce matin seulement, elle accepte que Pauline lâche son doigt. Alors elle glisse, prudente, un pied, puis l'autre... Elle s'arrête. Elle regarde Pauline gravement, juste quelques secondes. Juste le temps que Pauline ait envie de pleurer, doucement, c'est elle qui est orpheline maintenant, elle a perdu son enfant. Elle pense : "Va ! Va seule ! Va loin ! Tu as de la route à faire. Des plaines et des fleuves et des montagnes sur ton chemin, qu'il te faut franchir seule. Va loin ! Va vite ! De l'autre côté de la montagne, tu verras, le soleil décline. Va ! Va sans moi ! Et n'oublie pas, n'oublie jamais, c'est moi qui t'ai fait cela. Je t'ai ordonné de partir. Je t'ai contrainte. Je t'ai laissée. La mort, tu l'affronteras sans moi. Tu es seule maintenant. Tu es toujours seule désormais. Tu es comme moi. Et nous ne serons plus jamais jointes. Souviens-to...