Le feu ronfle dans la cheminée pendant que dehors souffle le vent par courtes rafales – soirées d'hiver – souvenirs oubliés – gestes esquissés – débuts de phrases – mots suspendus. Il est des amours mortes et des fleurs fanées, des mondes inconnus et des astres éteints – il est aussi des rivages inexpugnables bordés de rochers creux et de vastes éboulis – des cieux d'encre – des murs effondrés. De loin en loin sonne le tocsin. Il n'est point de refuge – ni d'encorbellement où le pauvre pèlerin trouvera un abri – il est si long le chemin qui mène jusqu'au rivage de l'île de Lesbos aux vergers odorants, à la senteur de myrte et de rhododendrons – point d'écho ni de bruits répondant à mes plaintes – seul le silence – et les vagues viennent battre les rivages de mon âme torturée – et puis un peu plus loin, à l'écart, à l'ombre d'un cytise paît un chevreau roux. Temps suspendu – rêve inaccompli – troublé par le murmure d'un ruisseau empli d...
Tout est emprunté, même la vie.