Anna lentement s'achemine vers elle-même. Elle a le temps. Elle regarde souvent au travers des fenêtres. Elle se tait beaucoup. Elle écrit un livre à cause de son père. Elle pense à cet homme absent qui l'empêche de vivre. Parfois elle se réveille avec son prénom au bord des lèvres... Raphaël... Alors elle comprend qu'elle a rêvé de lui. Il s'est glissé dans son sommeil. Il s'est blotti contre elle. Dans la nuit, comme un enfant. Toute la nuit dans les bras d'Anna. Sa fille adorée, l'infiniment tendre, l'amoureuse passionnée. Celle qu'il a laissée avant même de la connaître. L'amour, le bonheur, la simplicité semblent parfois effrayants.
Martine Magris, Anna ou la première œuvre, Gaspard Nocturne 2003
Henri Matisse
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