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D'ambre et d'éternité

Il y eut tous ces chants d’oiseaux  déposés amoureusement dans la coquille de  ton oreille finement lobée, que je prenais entre mes lèvres, tous ces parfums de fleurs  offerts à tes narines qui les humaient en plénitude, toutes ces couleurs du printemps dont j’ai fait bouquets à ta contemplation, tous ces fruits que j’ai tendus à ta bouche gourmande.
Ainsi, tu es devenu mon jardin.
Des automnes t’ont délavé, des hivers t’ont desséché, des printemps t’ont fait renaître et des étés t’ont revêtu de rouge incandescent.
Ainsi es-tu devenu le rythme de mes saisons.


Et dans mes nuits, au plus loin de mes rêves, nous courons, défiant le temps, à travers les champs, partageons les pommes des paradis de rencontre et nous asseyons près de cet âne, si grave, au regard d’ambre et d’éternité profonde.
Le temps, dans ses yeux, nous a oubliés.

Noëlle Combet
Peinture Annick Servant

Commentaires

  1. Je n'avais pas vu ce butin-là...Merci

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    Réponses
    1. Un très beau texte, où l'infini nous est donné. Ce qui n'est pas un mince butin. Merci Noëlle.

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  2. J'ai reçu, à propos de ce texte un commentaire d'une telle résonance poétique que je le transcris ici; il est de Françoise Servant, la sœur de celle qui a peint le tableau; ce sont mes cousines, mes quasi sœurs depuis l'enfance partagée:

    Ton superbe écrit à ouvert,en moi,un espace de résonance,que je te livre:

    Jaillissement des couleurs,s'élevant vers le ciel Secousse orgasmique de la Terre Engendrant le vivant ,
    De tes mots, fertilisant,nos jardins intérieurs
    Chant sensuel,érotique,
    Tel celui du Doudouk, ouverture au mystère de nos désirs silencieux
    Langage des mots,où,tout devient musique,
    Message de mélancolie,racines de nos pleurs,comme de nos rires
    Enfouis..
    Largement ouverts,les bras,
    Pour accueillir,l'abandon au breuvage de toute vie,
    sans visage, sans âge
    Autre que le regard ,doux,lumineux,
    De l'âne,miroir lointain de l'origine..

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