Les ânes choisiraient la paille plutôt que l'or Héraclite CIII 123 (9 DK)
Valeur et non-valeur sont deux qualités contraires que l'on trouve à la fois sur la paille et sur l'or. Mais comme contraires immanents, il y aurait contradiction. Comme contraires relatifs, la contradiction est levée : la paille a de la valeur pour l'âne, est sans valeur pour l'homme, l'or a de la valeur pour l'homme, est sans valeur pour l'âne.
La valeur de la paille est naturelle, car l'âne se nourrit de paille, la valeur de l'or est conventionnelle. Chacun, homme et âne, vit dans son monde, monde qui, dans un cas s'inscrit au sein de la nature, non dans l'autre.
Héraclite aurait pu confronter deux mondes naturels, écrivant par exemple : « Les ânes choiraient la paille plutôt que les vers de terre. » Cela suffirait pour expliquer ce que sont les contraires relatifs. En disant : « Les ânes préfèreraient la paille à l'or », il laisse entendre que l'or est une fausse valeur. Or, qui accorde une grande valeur à l'or ? « Les hommes », c'est-à-dire le peuple, les nombreux, non le philosophe. On reconnait ici une intention critique à l'égard du commun des humains qui font le choix de valeurs convenues. Il leur donne en exemple l'âne qui, avec raison, préfère la paille à l'or. Il ne s'agit pas d'imiter l'âne, mais de trouver la « paille » qui nourrit.
Marcel Conche, Héraclite, Fragments recomposés, puf 2017
Alexander Calder, Harvest spiral, 1969
Mon nom rime avec celui de l'âne! Je ne peux que me rallier au point de vue de ce quadrupède sur tout ce qui brille aux yeux du commun des mortels...
RépondreSupprimerJe me réjouis de ce ralliement qui chante ! et je rejoins moi aussi la bande en tant qu'é-mule du vieil animal !
Supprimer