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Affaires célestes

 

Les oiseaux dans les coquilles
les coquilles dans la main
la main dans le paysage
contre le ciel !

Miniature de la nature accueillante, qui fait à chacun sa place.
Nature, la plus talentueuse artiste... et même [dit Montaigne citant Ciceron (De Natura deorum, I, 27)] ... "adroite amadoueuse et habile entremetteuse pour elle-même" , "parce qu'elle porte [dit Marcel Conche dans une note de Montaigne ou la conscience heureuse] "chaque espèce de ses créatures à se préférer à toute autre".
L'écologie philosophique depuis longtemps ouverte nous offre des horizons ineffables.
Pascal résume bien, dans son croquis vertigineux et intime et à la fois : "le centre est partout, la circonférence nulle part"...
Mais revenons à nos affaires.
Que dit l'oiseau, le mignon de la nature ? demande Montaigne (Essais II, XII, Apol. de Raymond Sebond, ed. Plattard, p. 294) :

« ... Pourquoi ne dira un oison ainsi : "Toutes les pièces de l'univers me regardent ; la terre me sert à marcher, le soleil à m'éclairer, les étoiles à m'inspirer leurs influences ; j'ai telle commodité des vents, telle des eaux ; il n'est rien que cette voûte regarde si favorablement que moi ; je suis le mignon de la nature ; est-ce pas l'homme qui me traite, qui me loge, qui me sert ? C'est pour moi qu'il fait et semer et moudre ; s'il me mange, aussi fait-il l'homme son compagnon, et si fais-je moi les vers qui le tuent et qui le mangent." Autant en dirait une grue, et plus magnifiquement encore pour la beauté de son vol et la possession de cette belle et haute région : tant la nature est une adroite amadoueuse et une habile entremetteuse pour elle-même.
Or donc, par ce même train, pour nous sont les destinées, pour nous le monde ; il luit, il tonne pour nous ; et le créateur et ses créatures, tout est pour nous. C'est le but et le point où vise l'université des choses. Regardez le registre que la philosophie a tenu, deux mille ans et plus, des affaires célestes : les dieux n'ont agi, n'ont parlé que pour l'homme ; elle ne leur attribue autre consultation et autre vacation... »

Peinture de Vinca Alba Minor, sur coquille d'huitre.

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