il y a ce coin de ciel là, tombé entre de vieilles souches
à travers le lacis noir des noisetiers, des épines
là frissonnant
cette eau vive des véroniques
bleu roi
presque une eau de glacier
vous soulevez délicatement les toutes petites fleurs
violentes
ce bleu franc, rehaussé en son centre d’un rond jaune vif
comment est-ce possible ?
comment le si menu peut-il à ce point étourdir
intimer
comment le rien fait-il la satiété ?
vous vous frottez les yeux
ce bleu de lac
ce bleu de lac avec la neige autour
non non, rien n’y fait ; non, vous n’y êtes pas
vous ne trouvez pas les mots, pour dire ce bleu
cela dépasse échappe, cela remue trop les sangs le sens
vous ne trouverez pas davantage les pigments, ce soir dans votre bureau
assis à touiller touiller pendant des heures
plagiaire
et pis mauvais plagiaire
comment n’avez-vous pas compris à votre âge, que vous usiez vos yeux, vos mains, en vain
que vous gâchiez vos jours
ce bleu d’océan, ce saphir, ce bleu de vierge
ce bleu de sacre, non non
puisque c’est vous le pauvre, puisque c’est vous le piètre
puisque c’est vous le bougre
à tourner sept fois dans votre bouche, les mots de peu de rien
les bègues
à tourner sept fois dans vos pots, les couleurs fausses les fades
les faibles
qu’est-ce que vous attendez là, à béer devant le tas de véroniques ?
quand la rivière bienfaisante en bas ronronne
quand elle vous tend ses langes
qu’est-ce que vous fichez là, comme un homme foudroyé
quand vous pourriez dormir, vous aussi, sous les haies, d’un vrai sommeil de bête
ou d’innocent
qu’est-ce que vous fichez là, à sucer le lait de douleur, le lait de séparation
quand les autres, au bercail, baisent batifolent blaguent
bissent
vous êtes le différent
vous, comme un cheveu sur la soupe
à ne comprendre ni le petit lac bleu, ni le feu, ni la rivière, ni le frère
ni la mort, ni la peinture, ni la petite Gretel
vous vous frottez les yeux
vous vous relevez difficilement, vos genoux craquent
craquent, vous vous relevez
la sueur dégouline dans votre dos, sous vos aisselles
manquait plus que la saison s’y mette
mauvaise fille
Isabelle Pouchin, extrait de L'amour profane de Basilius Besler
Olivier Debré, Thyphon vert
à travers le lacis noir des noisetiers, des épines
là frissonnant
cette eau vive des véroniques
bleu roi
presque une eau de glacier
vous soulevez délicatement les toutes petites fleurs
violentes
ce bleu franc, rehaussé en son centre d’un rond jaune vif
comment est-ce possible ?
comment le si menu peut-il à ce point étourdir
intimer
comment le rien fait-il la satiété ?
vous vous frottez les yeux
ce bleu de lac
ce bleu de lac avec la neige autour
non non, rien n’y fait ; non, vous n’y êtes pas
vous ne trouvez pas les mots, pour dire ce bleu
cela dépasse échappe, cela remue trop les sangs le sens
vous ne trouverez pas davantage les pigments, ce soir dans votre bureau
assis à touiller touiller pendant des heures
plagiaire
et pis mauvais plagiaire
comment n’avez-vous pas compris à votre âge, que vous usiez vos yeux, vos mains, en vain
que vous gâchiez vos jours
ce bleu d’océan, ce saphir, ce bleu de vierge
ce bleu de sacre, non non
puisque c’est vous le pauvre, puisque c’est vous le piètre
puisque c’est vous le bougre
à tourner sept fois dans votre bouche, les mots de peu de rien
les bègues
à tourner sept fois dans vos pots, les couleurs fausses les fades
les faibles
qu’est-ce que vous attendez là, à béer devant le tas de véroniques ?
quand la rivière bienfaisante en bas ronronne
quand elle vous tend ses langes
qu’est-ce que vous fichez là, comme un homme foudroyé
quand vous pourriez dormir, vous aussi, sous les haies, d’un vrai sommeil de bête
ou d’innocent
qu’est-ce que vous fichez là, à sucer le lait de douleur, le lait de séparation
quand les autres, au bercail, baisent batifolent blaguent
bissent
vous êtes le différent
vous, comme un cheveu sur la soupe
à ne comprendre ni le petit lac bleu, ni le feu, ni la rivière, ni le frère
ni la mort, ni la peinture, ni la petite Gretel
vous vous frottez les yeux
vous vous relevez difficilement, vos genoux craquent
craquent, vous vous relevez
la sueur dégouline dans votre dos, sous vos aisselles
manquait plus que la saison s’y mette
mauvaise fille
Isabelle Pouchin, extrait de L'amour profane de Basilius Besler
Olivier Debré, Thyphon vert
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