Quand les saisons roulent sur les toits, le jour et la nuit se confondent. Ils ne sont pas différents, ils s'échangent leurs masques, se cachent l'un dans l'autre. Des lumières, des couleurs, des ombres, déversées par paquets chassés par l'hiver ou accumulés contre les rives du toit. Des lunes renouvelées, recomptées, des étoiles, des nuits renversées, les choses parlent plus que les mots. Elles n'ont pas besoin de mentir, d'inventer. Les choses : ce que l'on voit, que l'on touche, que l'on perçoit, qui apparaît, disparaît, tout ce qui est hors de nous. Alors ça se met à parler, quand le son dans la gorge a rendu ses derniers mots, ça tricote une nouvelle langue, de nouvelles couleurs, la métamorphose court, nous emporte. Nous tisse en même temps un filet solide où rebondir, des cordes plus rêches, plus sèches où mettre les mains, ou des arbres ou des parfums de neige.
photo et texte r.t, novembre 2017
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