Garder un livre à l’abri des vicissitudes, derrière une vitre parmi les poupées et les porcelaines épargnés du temps, c’est refuser la lecture, refuser les chevauchées sauvages, refuser l’usure de la profondeur et les rides des tempêtes, ils vous regarderont toujours de travers, l’air torve, névrose mauvaise, un air d’inaccompli propret et la rancune tenace, tandis que l’écriture dans la marge et les cornes et les pliures se vantent de pensées rêves et actions, affleurent, surgissent de derrière les lignes, mots en premières lignes, suppurent, des feuillets attachés à d’autres bribes de papier, des prières d’insérer, le livre veut se tordre, valoir autant que la vie qui l’a inspiré, la rejoindre, être fait de boue, glaise aussi, voler dans le tourbillon biblique, ne pas se suffire des replis de l’intellect de l’autre liseur, qui respecte trop, traces de doigt, douceur du papier, livres qu’on jette pour faire taire la mouche que l’on écrase, à force le livre a la même vie que celle du dehors, les insultes,traces de sang l’illuminent, les dessins à même le paragraphe, incrustent irrespectueux, compagnon de voyage, traité de vie sans ménagement
et rencontrer Henry Miller
Lambert Savigneux, texte et peinture
extrait de Mots à la ligne
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