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L'enfance des dieux


Pendant une bonne partie de la nuit elle avait ruminé la situation. Elle avait décidé de rencontrer le docteur Thomas et de demander le changement d’établissement de Dany, que celle-ci soit d’accord ou pas. Avec l’aide du médecin, elle entendait bien lui forcer la main. Aussi c’est d’un pas décidé qu’elle avançait dans le couloir et qu’elle ouvrit la porte de la chambre.
— Dany ! commença-t-elle aussitôt, cette fois tu n’y échapperas pas, il...
Mais sa phrase resta en suspens. Dany était placée devant la table qu’elle avait débarrassée du vase avec les fleurs, de la boîte de mouchoirs et autres bricoles qui s’y trouvaient habituellement pour y étaler toutes les pochettes en carton qu’elle lui avait apportées.
— Ne dis rien et regarde ! s’écria Dany dès qu’elle la vit, c’est extraordinaire, non ?
Natale en resta bouche bée. Sur les quatre murs de la chambre, sur trois lignes depuis le sol jusqu’à hauteur des yeux de sa sœur, étaient punaisées des feuilles, des quantités de feuilles manuscrites ou tapées à la machine, certaines étaient surmontées d’un titre écrit au feutre noir. Elle put y lire Jade ou L’imaginaire enfantin. Cela formait une tapisserie irrégulière noire et blanche qui donnait à la pièce une dimension nouvelle, comme si l’on plongeait dans le bassin d’une piscine et que l’on regarde au-dessus de soi la surface de l’eau.
— Mais qu’est-ce que tu as fait ? dit-elle stupéfaite, restant au seuil de la chambre sans oser aller plus loin.
...
Dominique Eclercy, extrait de L'enfance des dieux, 2014
Reste de fresque, rue Saint-Just, Romans sur Isère, photo r.t, 2014


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