Ce qu'il reste c'est ma peau, un merveilleux organe de protection et d'échanges. Une peau qui fait le tour, en dehors et en dedans, de ce corps tapissé d'organes où court le sang et tous les motifs baroques d'un paysage amphibie frétillant et dansant. Je me sens bien, à vrai dire, je respire, je parle, aucun mur ne me sépare de ce qui existe.
Pourquoi suis-je si libre, enfin ? pour aller me faire mal en fouillant dans une poubelle dont j'ai gardé la trace du chemin, malencontreusement. Ces traces restant longues à effacer, aussi longues que sont ces liens qu'on trouve au fond de la poubelle à se dessécher complètement, à raidir, à s'effondrer comme fait une branche morte dans la forêt ou un champignon qui sous un pas se réduit en poussière.
Le coup de grâce !
Eh bien non. On ne l'a pas donné. On va vérifier ce lien, ce cordon au fond de la poubelle, et il vous saute à vif dans la chair.
Poubelle mystérieuse ! Notre bien misérable et précieux. C'est là que ce bout de cordon fantôme cent fois, mille fois coupé, trouve refuge quand vous l'avez malencontreusement jeté comme une ordure.
texte r.t
peinture Karel Appel
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