Ce soir elle n’a pas envie de dormir. Elle va et vient sans bruit pour ne pas éveiller Frank. Vent de force cinq, mer agitée. Derrière la fenêtre le vent secoue brutalement les acacias et bouscule les cyprès. La pleine lune s’installe. La nuit précédente Célia avait été réveillée par un drôle de bruit, régulier, profond. Ce n’était pas celui du ressac. Plus vibrant, chatoyant : les grands préparatifs d’envol des oies bernaches. Voici plusieurs jours que des milliers d’oiseaux bruns et blancs se rassemblaient à la pointe d’Arceau. À marée basse, ils amerrissaient, se survolaient, cherchaient leur place, cancanant, s’exerçant à former l’escadre, nommant leurs chefs de file, évaluant les repères, dans une puissante houle, un adieu aux territoires de l’été, dans l’instinctif besoin, l’attraction irrépressible du voyage. Frank se retourne bruyamment sur le lit, ouvre un œil et bougonne : – Tu ne dors pas ? Comment dormirait-elle quand il se passe, et sans elle, l’évènement ? Des...
Commentaires
Enregistrer un commentaire