Souvent,
le soir, je me rendais au marché. Le sable sous mes pieds projetait des
étincelles pâles. Une chaleur persistante accentuait l’odeur de poisson
qui montait en colonne de fumée, avec les heures lentes. Au-dessus des
tôles des échoppes, le grand disque de cuivre du soleil basculait sur
l’autre versant du monde. Une lune rose cendré levée aux antipodes le
repoussait doucement. Elle rendait trouble déjà le regard des hommes qui
activaient les feux.
Une attente obscure avait commencé, belle et paisible. Dans l’approche du soir, il semblait que la terre entière espérait quelque chose qui viendrait de la mer, à la faveur d’une nuit énigmatique. On pouvait entendre au large le train régulier des rouleaux, leurs lourds convois venus du fond de la mer et les bruissements imperceptibles des vagues brisées sur les coraux de la plage. L’eau du chenal était lustrée d’ombres et de reflets. Sur le chenal, un peu de lumière jaillissait encore de l’étrave des boutres qui rentraient sous grand voile.
Un parfum d’étoiles aérait la Terre. Les feux marins et les phares de la côte commençaient leur veille sur les écueils. Quant à la ville elle semblait s’assoupir un peu, ou tomber de fatigue. Mais elle ne s’endormait jamais vraiment. La nuit restait chaude et indisciplinée. Arrivée à sa fin elle devenait indécise. On voyait se glisser au loin les premières lueurs de l’aube, un arc d’océan miroitait derrière les échoppes et il semblait que ni du nord ni du sud ne viendrait de nuage. Et voici que les femmes arrivaient, portant leurs grandes nasses d’osier vides. C’était le signal. Le marché du matin allait commencer, pour la pêche de la nuit. D’autres bateaux sortiraient le jour, pour le marché du soir.
Une attente obscure avait commencé, belle et paisible. Dans l’approche du soir, il semblait que la terre entière espérait quelque chose qui viendrait de la mer, à la faveur d’une nuit énigmatique. On pouvait entendre au large le train régulier des rouleaux, leurs lourds convois venus du fond de la mer et les bruissements imperceptibles des vagues brisées sur les coraux de la plage. L’eau du chenal était lustrée d’ombres et de reflets. Sur le chenal, un peu de lumière jaillissait encore de l’étrave des boutres qui rentraient sous grand voile.
Un parfum d’étoiles aérait la Terre. Les feux marins et les phares de la côte commençaient leur veille sur les écueils. Quant à la ville elle semblait s’assoupir un peu, ou tomber de fatigue. Mais elle ne s’endormait jamais vraiment. La nuit restait chaude et indisciplinée. Arrivée à sa fin elle devenait indécise. On voyait se glisser au loin les premières lueurs de l’aube, un arc d’océan miroitait derrière les échoppes et il semblait que ni du nord ni du sud ne viendrait de nuage. Et voici que les femmes arrivaient, portant leurs grandes nasses d’osier vides. C’était le signal. Le marché du matin allait commencer, pour la pêche de la nuit. D’autres bateaux sortiraient le jour, pour le marché du soir.
Hervé Bienfait, extrait de Nouvelles terrestres © Gaspard Nocturne, 2020
Luc Vigier, De l'increvable courage des marins (gouache et encres sur papier fort, 18x18cm)
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