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Affichage des articles du mars, 2014

Fragment de nuit

Hanches épaules qui roulaient Flancs qui, de droite à gauche Seins qui, l'un sur l'autre Bras écailles, Dans l'ombre du cavalier sans tête, Son torse penché sur L'eau qui tanguait sous Coups de boutoir du cheval, Son doigt cerclé de vif-argent Scintillait sous la lune Fouillait l'eau doucement Sondait, Un écheveau de soie tiède Qui indolent ondulait Sur le corps absent En une caresse obscène Où ses doigts étaient mêlés. Hélène Gugenheim, Nuits, p.78 peinture de Dorothea Tanning, 1981

Sur les eaux

Elle imaginait un trois-mâts, à la voilure blanche et compliquée. Sa majestueuse coque fendait les eaux qui, bouleversées, tâchaient de se faire mousser sur son passage, espérant attirer l'attention de l'être supérieur qui dominait la proue. En vain car, si le beau capitaine scrutait les flots, c'était pour y trouver sa sirène. Le rêveur dégageait une mâle assurance, contredite, sous le jabot de dentelle, par un coeur de pucelle. Ses mains, moites, s'agrippaient au bastingage, s'illusionnant de leur parfaite maîtrise de soi et des éléments. C'était un promis magnifique dont les bras s'ouvriraient largement dès qu'il la verrait. Il aurait alors la naïveté de croire, qu'avec elle, il possédait le monde. Las, c'est le monde qui nous possède, quoi qu'il arrive. Hélène Gugenheim, Nuits, p.29 photo Lise Golomb, sud-est de Costa Rica 2014

Instants multiples

Le feu ronfle dans la cheminée pendant que dehors souffle le vent par courtes rafales – soirées d'hiver – souvenirs oubliés – gestes esquissés – débuts de phrases – mots suspendus. Il est des amours mortes et des fleurs fanées, des mondes inconnus et des astres éteints – il est aussi des rivages inexpugnables bordés de rochers creux et de vastes éboulis – des cieux d'encre – des murs effondrés. De loin en loin sonne le tocsin. Il n'est point de refuge – ni d'encorbellement où le pauvre pèlerin trouvera un abri – il est si long le chemin qui mène jusqu'au rivage de l'île de Lesbos aux vergers odorants, à la senteur de myrte et de rhododendrons – point d'écho ni de bruits répondant à mes plaintes – seul le silence – et les vagues viennent battre les rivages de mon âme torturée – et puis un peu plus loin, à l'écart, à l'ombre d'un cytise paît un chevreau roux. Temps suspendu – rêve inaccompli – troublé par le murmure d'un ruisseau empli d

Je et les autres

Je crois les rêves formés par quelque autre dormeur, comme si dans la nuit ils se trompaient d'absent. Paul Valéry citation relevée par Michèle Dujardin peinture de Marc Chagall