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Affichage des articles du novembre, 2014

Ce que ton sexe

Ose au pied des arbres Défendus L'alcool d'une overdose De la norme attendue On parle si peu de cul Depuis qu'on a libéré Sade et entendu Freud Sans compter Lacan Qui n'y voit plus que Du feu Ce que ton sexe Dans l'anus outragé Un soleil se pend A vouloir se frotter A chaque trou A tous les trous on Ne sait plus où se Mettre L'amour verse plus Loin ses montagnes De fredaines Plus haut encore Ses fadaises je cherche le trou d'où ne plus revenir un truc si doux comme élixir Soaz Saahli Hieronymus Bosch

À Louise

Rencontrée au hasard du soleil  À l’heure où le jour tient sur un fil  Entre lumière clinquante et faisceaux en péril  Des ombres jouent à chat perché  Sur le pont que rien n’embrasse  Sauf les eaux d’argent qui passent  Sous les arches d’ombres À Louise, dont je suis la silhouette blonde, brune ou couleur de feuille, je ne sais Des jeunes joueurs et riants mangent debout au long des quais  Allongée sur les pierres  Je cherche mes images  Sous l’œil inquiet d’un flâneur C’est le temps du chien et du loup  Qui courent en se mangeant la queue  Bientôt la fin de mes jeux  Quand la lumière tombe enfin  Comme un décor qui se dézingue  Sur une scène à 4 sous Colette Fournier   texte et photo
J'ai l'impression d'avoir été incarcérée. Quelque chose du bagne. De l'hôpital. De la vie forcée, réduite, entre un lit, un lavabo. Mais c'est toujours dans la réduction de moi-même que j'ai trouvé la force d'écrire. Loin, si loin de la joie, de l'insouciance. Tout près d'un constat glacé. Écrire quand on a toute une famille autour de soi, sortir de son lit à quatre heures du matin, glisser dans le couloir, une lampe de poche à la main, évitant les écueils, jouets qui traînent, chaussures d'enfants, c'est un pas vers la liberté. J'ai toujours trouvé formidablement égoïste de me lever très tôt quand je ne suis pas seule dans mon lit. On vole beaucoup à l'autre. Je connais des hommes qui ne se posent jamais cette question. Cela n'a rien d'admirable de se lever à quatre heures du matin pour écrire. C'est la meilleure heure. La plus pure. La plus lisse. La plus fluide. La plume glisse sans s'arrêter jusqu'à la naissa
Dans ces séquences de vie surgissant d'un temps mal défini, il est souvent question d'enfants et de lumière intarissable. De volupté et de vin. De détresse et d'errance dans de longs corridors. Ces impressions me surprennent n'importe où. A cette table de travail, sur un trottoir, au volant de ma voiture, quand j'attends les enfants à la sortie de l'école. Parfums, lumières, murmures, je les ressuscite, soumise à ce papier, cette machine, cette chambre. Je ne me sens pas libre. J'aimerais rester adossée contre un mur où s'attarderait un peu de soleil. Mais je suis prisonnière des vieilles maisons, des forêts, de la nuit, des eaux dormantes, des nouveaux-nés au fond de leurs berceaux. D'eux surtout. Je perdrai mes yeux à trop regarder mon nouveau-né dormant dans son odeur légère d'étable et de lait. Bonheur et angoisse mêlés serrent ma gorge. Tout est normal. Il respire. Sous l'horloge le temps s'arrête dans mes bras de lierre. Moi aussi

Anna

Anna lentement s'achemine vers elle-même. Elle a le temps. Elle regarde souvent au travers des fenêtres. Elle se tait beaucoup. Elle écrit un livre à cause de son père. Elle pense à cet homme absent qui l'empêche de vivre. Parfois elle se réveille avec son prénom au bord des lèvres... Raphaël... Alors elle comprend qu'elle a rêvé de lui. Il s'est glissé dans son sommeil. Il s'est blotti contre elle. Dans la nuit, comme un enfant. Toute la nuit dans les bras d'Anna. Sa fille adorée, l'infiniment tendre, l'amoureuse passionnée. Celle qu'il a laissée avant même de la connaître. L'amour, le bonheur, la simplicité semblent parfois effrayants. Martine Magris, Anna ou la première œuvre, Gaspard Nocturne 2003 Henri Matisse