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Articles

Affichage des articles du janvier, 2013

Theingi

Le vent fait jouer le violon. Si un humain fait jouer un violoncelle il déchaîne des orgies de sentimentalité délicieuse. Lorsqu'il a faim il a suffisamment de pain pour en donner aux oiseaux. Oiseau. Oiseau. Theingi m'a acheté un oiseau vert et or à la pagode de Shwedagon pour que je lui rende la liberté. J'ai ouvert la main, soufflé sur ses plumes et il s'est envolé tout seul. Jeanne Réta in La lecture amoureuse, Gaspard Nocturne 2004 aquarelle de René Thibaud

Un livre n'est jamais fini

Garder un livre à l’abri des vicissitudes, derrière une vitre parmi les poupées et les porcelaines épargnés du temps, c’est refuser la lecture, refuser les chevauchées sauvages, refuser l’usure de la profondeur et les rides des tempêtes, ils vous regarderont toujours de travers, l’air torve, névrose mauvaise, un air d’inaccompli propret et la rancune tenace, tandis que l’écriture dans la marge et les cornes et les pliures se vantent de pensées rêves et actions, affleurent, surgissent de derrière les lignes, mots en premières lignes, suppurent, des feuillets attachés à d’autres bribes de papier, des prières d’insérer, le livre veut se tordre, valoir autant que la vie qui l’a inspiré, la rejoindre, être fait de boue, glaise aussi, voler dans le tourbillon biblique, ne pas se suffire des replis de l’intellect de l’autre liseur, qui respecte trop, traces de doigt, douceur du papier, livres qu’on jette pour faire taire la mouche que l’on écrase, à force le livre a la même vie que celle du

Nuits

             La nuit d'été serait bleu-noir si la pleine lune ne la teintait d'argent.      Et il a chanté, chanté si clair, si fantaisiste, sur tous les tons, sur tous les temps, si longtemps.      – C'est l'été et c'est le rossignol m'a dit ma tante le lendemain matin. Jeanne Réta  in  La lecture amoureuse de René Thibaud © Gaspard Nocturne Summertime, sculpture de >    Martha Kubecka

Mon Dieu

     Ce sont les pierres et le relief rugueux qui m'attirèrent d'emblée en Ardèche. Pourtant, après avoir parcouru les dix-huit hectares de ma propriété, ces coulées d'énormes pierres qui pesaient parfois des tonnes commencèrent à m'inquiéter. Je me demandais si elles étaient récentes.      Parfois j'entendais un grondement sourd de rocher qui se détachait de la montagne, fracassant tous les arbres sur son chemin. Pour calmer mon inquiétude, je me suis fait une réponse rassurante : cela n'arrivait pas souvent.      Un jour pendant que je travaillais dans mon bois de châtaigniers, le Bon Dieu est passé. Oui, c'était Régis, mon voisin. On l'appelait comme ça car il était Jésus le vendredi saint au village chaque année à Pâques. En plus, il incarnait ses qualités naturellement. C'était un homme droit, au pas lent, à la parole réfléchie. La personne parfaite à qui je pouvais poser ma question !      J'ai interrompu sa promenade en lui demandant

Alexandra

Sa famille en deuil lui a donné un nom de reine : Alexandra. Et elle est en effet chargée de retrouver pour elle le pouvoir et l'éclat que cette famille a perdus. Elle a été investie d'une mission impossible : prendre revanche sur l'Histoire, réussir dans le monde sans rien trahir des valeurs du passé, et faire revivre ces gens-là qui ne vivaient plus. Alexandra est une jeune femme tenue à jouer des rôles qui ne sont pas les siens. C'est une personne infiniment séduisante, mais d'une fragilité et d'une vulnérabilité extrêmes, et qui ne sait vivre que dans l'image que les autres lui renvoient d'elle. Bien sûr, elle attend d'être visitée, animée, aimée. Elle veut bien être exposée, sortir du négatif, de l'ombre, entrer dans la lumière où il lui est promis qu'on l'aimera. Or un homme arrive, [un peintre]  justement honni de la famille... et il fait d'elle exactement ce que sa famille voulait qu'elle fût : un mannequin ! Selon les d