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Affichage des articles du mars, 2015

En regard

Maintenant je suis pressé pour rien. Les projets cela rate si souvent et les meilleurs calculs qu'on fait ; tandis qu'en profitant des hasards et en travaillant au jour le jour sans parti-pris on fait un tas de choses imprévues. Vincent Van Gogh texte choisi par Soaz Saahli en regard de sa peinture peinture de Soaz Saahli, sans titre   (ou peut-être : en regard de Van Gogh)

Leçon de choses

De là où elles sont assises les femmes ne peuvent pas voir la grève. Au-dessus du sommet de la falaise apparaissent parfois des mouettes qui s'élèvent lentement dans l'air, sans un battement d'ailes, restent un instant suspendues sur place, puis se laissent glisser sur le côté et disparaissent, de nouveau remplacées par d'autres. Le bateau dont on ne distinguait tout à l'heure que la voile sur l'étendue moirée s'est maintenant rapproché et, quoique encore lointain, on peut voir sa coque ainsi que, par moments, l'éclat blanc de l'écume qui rejaillit sous son étrave. Très loin, sur l'horizon, est posé un vapeur, un cargo sans doute car on n'aperçoit que les trois masses formées par son gaillard d'avant, son gaillard d'arrière et, au milieu, son château, comme détachées l'une de l'autre, comme ces insectes dont le thorax n'est relié à l'abdomen que par un corselet aussi mince qu'un fil. Il ne bouge pas. A cette dist

Les Géorgiques

Puis soudain comme sourd tout à coup — ou ce qui dut d'abord lui sembler comme la surdité, une infirmité de plus, une supplémentaire disgrâce, c'est-à-dire, pour la première fois depuis vingt-deux ans, entendant (pouvant, ayant la permission d'entendre) le silence ou plutôt ces menues manifestations du silence que sont les froissements des herbes, des feuilles, les invisibles cheminements d'insectes, cette confuse rumeur faite d'infimes bruissements, d'infimes palpitations : depuis des années il n'avait pas entendu (pas entendu qu'il entendait) chanter un oiseau, senti (ne s'était pas permis de sentir) le froid, le chaud : le vieux corps usé percevant maintenant la tiédeur du soleil d'hiver, le parfum d'ozone de l'air glacé, les craquements ténus du gel, l'odorante fraîcheur des nuits de printemps, les voix des rossignols, les senteurs des foins coupés, des feuilles pourrissantes à l'automne, des chaumes brûlés, l'appel du c

Le sujet

Le sujet : Un citron à côté d'une orange cesse d'être un citron et l'orange une orange pour devenir fruits. Les mathématiciens suivent cette loi. Nous aussi. Texte de Georges Braque . Cahier, 1917-1947 (une des pages, non datée, du premier cahier, celui qu'il commence à son retour du front, grièvement blessé, trépané, contraint à une longue convalescence avant de reprendre et d'approfondir son travail d'artiste – un second cahier, de 1947 à 1955, suivra, les deux seront publiés par Maeght). J'ai reproduit cette note dans sa verticalité, comme il l'écrit, à la plume, à l'intérieur d'un dessin).   On pourrait dire aussi que dans la photographie intitulée Le pot de yaourt, le "sujet" est mis à distance, du côté d'une abstraction, comme font les mathématiciens. Photo de Thami Benkirane : Le pot de yaourt