Il tousse. Une vilaine toux chronique. Une chose le calme, un sirop, il s'y est habitué. Mais il ne parle pas de sa santé, ou de sa maladie. Il se contente de vivre sa modeste condition de musicien méconnu, d'ancien compositeur — dit-on —, venu d'ailleurs, dans l'est, ou le nord, très âgé déjà, ou du moins aux yeux de Martin quand il était enfant. Personne ne s'occupe de lui ni ne le fréquente. Toutes les semaines il dirige la répétition de l'Harmonie municipale. Ils font quelques concerts dans l'année, et ils jouent La Marseillaise pour les fêtes officielles. En échange, il a cette chambre branlante, sous les toits. L'Harmonie municipale qui s'était cotisée a fini par lui acheter un vieux Pleyel dans une salle des ventes. En plus des partitions courantes pour les harmonies dont il a un petit stock de copies imprimées, il transcrit, harmonise et compose. De temps en temps, Martin voit son nom indiqué sous le titre des partitions qu'il met sur
Tout est emprunté, même la vie.