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Articles

Affichage des articles du mai, 2016

Un souvenir

Tout est là mais je voudrais faire entrer la rivière dans une bouteille. Toutes ses couleurs, ses boues, ses étoiles. Le chant du merle me dément, il m'invite à son jeu du moqueur. Et la rivière glisse au soleil bleuté, jette la nappe d'un déjeuner de naïades effrontées. Je voudrais mettre la rivière dans une coque et broyer ses couleurs avec mon encre pour la faire sécher au soleil. Ferai-je une aquarelle, un poème ou un rêve ? Une rêverie. Je me cacherai pour la voir – pour ne plus la voir – pour l'entendre – pour ne plus entendre que le désir au fond de moi – au creux d'un livre. Mais feu liquide, faufilée, le merle met en perce un chant suave comme du réglisse. Tout s'est tu pour déguster. Où avez-vous mis votre désir ? Moi dans mon corps, moi sur mon ventre, moi dans le soleil, moi dans la caresse de l'air. photo et texte r.t

Je suppose que le printemps

Je suppose que le printemps est en route ; je vois la bourre des bourgeons ; je vois les prés ; je vois le geste de l’eau vive cela ne peut pas être cadenassé, n’est-ce pas, cela reprend flamme douce de toute façon, de toute façon, quoi que décide le gouvernement dans notre bocage, les linges frais du vent le problème, vois-tu, c’est que contrairement à ce que pense ta mère, tu ne peux pas ignorer la vie publique ; non, si tu ne veux pas te mêler des autres, les autres se mêlent de te gouverner moi aussi, j’aurais préféré le chant mineur : le flegme du promeneur moi aussi, je jouissais dans la compagnie des oiseaux des fleurs des peintures jusqu’au moment où l’Etat répand le sang, torture, bâillonne, supprime toutes les lois assurant le vivre-ensemble ; tous ces textes précieux qui portent à bout de bras le respect, la tolérance et font que nous nous supportons à peu près ; malgré nos expériences, nos intérêts, nos sensibilités si dissemblables malgré tout ces textes

Ondine

... Je croyais entendre Une vague harmonie enchanter mon sommeil, Et près de moi s'épandre un murmure pareil aux chants entrecoupés d'une voix triste et tendre. Ch. Brugnot, les Deux Génies . « Écoute ! – Écoute ! –  C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi. « Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l'air.  « Écoute ! – Écoute ! –  Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne ! » * Sa chanso