Tout est là mais je voudrais faire entrer la rivière dans une bouteille. Toutes ses couleurs, ses boues, ses étoiles. Le chant du merle me dément, il m'invite à son jeu du moqueur. Et la rivière glisse au soleil bleuté, jette la nappe d'un déjeuner de naïades effrontées. Je voudrais mettre la rivière dans une coque et broyer ses couleurs avec mon encre pour la faire sécher au soleil. Ferai-je une aquarelle, un poème ou un rêve ? Une rêverie. Je me cacherai pour la voir – pour ne plus la voir – pour l'entendre – pour ne plus entendre que le désir au fond de moi – au creux d'un livre. Mais feu liquide, faufilée, le merle met en perce un chant suave comme du réglisse. Tout s'est tu pour déguster. Où avez-vous mis votre désir ? Moi dans mon corps, moi sur mon ventre, moi dans le soleil, moi dans la caresse de l'air. photo et texte r.t
Tout est emprunté, même la vie.