Je vais encore fouiller dans les poubelles de ma mémoire. Il ne faut pas croire que la psychanalyse m'a débarrassé de tous les encombrants. Bien sûr j'ai abandonné sans états d'âme des bennes entières de bons ou mauvais souvenirs, vrais ou faux, de profits et de pertes, des idées, des idéaux, une quincaillerie envolée en fumée ou en ciel bleu, ou tombée en poussière. Ce qu'il reste c'est ma peau, un merveilleux organe de protection et d'échanges. Une peau qui fait le tour, en dehors et en dedans, de ce corps tapissé d'organes où court le sang et tous les motifs baroques d'un paysage amphibie frétillant et dansant. Je me sens bien, à vrai dire, je respire, je parle, aucun mur ne me sépare de ce qui existe. Pourquoi suis-je si libre, enfin ? pour aller me faire mal en fouillant dans une poubelle dont j'ai gardé la trace du chemin, malencontreusement. Ces traces restant longues à effacer, aussi longues que sont ces liens qu'on trouve au fond de
Tout est emprunté, même la vie.