Je suis allé chez mon ami Erevan. C’est un artiste. La municipalité lui cède un petit grenier. Je m’arrête dans l’escalier : Le piano m’a précédé dans les marches, il les survole, les débaroule, les monte et les descend, craque et danse, verse des lumières, des couleurs dans cet escalier sombre. Je me colle contre le mur pour lui laisser la place, ne pas gêner le passage des virevoltes, interrompre les murmures, les respirations. Toutes les formes, toutes les couleurs jaillissent, s’éteignent, se cachent, se replient, roulent comme la poussière du soleil dans une moisson de blé, comme les ruisseaux, les fleuves, comme la pluie. Le monde entier vient à moi dans l’escalier, il s’approche, pèse doucement sur moi, me fait asseoir. Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi. Je suis redescendu sans frapper à sa petite porte au sommet de l’escalier. Dans la rue il faisait encore beau, que dis-je, beau comme jamais, dans cet endroit de la vieille ville, un peu au-dessus des to
Tout est emprunté, même la vie.