Il m'arrive, lorsque j'ai froid aux mains, de penser aux gants de ma mémé. Quand j'étais petite, elle "me tricotait" de haut en bas, en finissant par les chaussettes. Si j'avais tiré un brin de laine de mon bonnet, je crois bien que je me serais détricotée de la tête aux pieds, jusqu'aux orteils. Les derniers temps, ça filait de traviole. Il y avait des mailles à l'envers et beaucoup de mailles perdues dans la tête de ma grand-mère. Je n'ai jamais pu enfiler la dernière paire de gants gris chiné pour la bonne raison qu'elle les avait tricotés avec les cinq doigts identiques, aussi sûrement alignés que les dents d'un peigne. Mes pouces n'y ont jamais trouvé leur chemin, il m'aurait fallu pour cela des mains d'extra terrestre... En la voyant s'obstiner sur son ouvrage, j'aurais pu lui dire : " c'est pas grave mémé, tricote moi des moufles" ou mieux: "tricote moi des moufles sans pouce&
Tout est emprunté, même la vie.