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Articles

Affichage des articles du octobre, 2017

Le droit de vouloir vivre

           Lorsque le bébé a soif, il crie, et chacun comprend qu'il réclame à boire. On doit, pense-t-on, lui donner à boire, et ce devoir est le corrélat d'un droit qu'on lui reconnaît de vouloir vivre. On parle des affamés du tiers-monde. Nul ne conteste leur droit de vouloir se nourrir et vivre, et beaucoup ressentent, corrélativement à ce droit qu'ils leur reconnaissent, le devoir de les aider. Nous ne parlons pas d'un "droit à la vie ou d'un "droit de vivre", mais d'un droit de vouloir vivre. Parler d'un "droit à la vie", à moins que ce soit une façon cursive de parler du droit de chacun de vouloir vivre, n'a pas de sens. Supposons qu'un homme jeune soit atteint d'une maladie mortelle. Il voit venir la mort. A qui se plaindra-t-il ? A qui dira-t-il : "J'ai droit à la vie" ? Il faudrait que ce soit à quelqu'un à qui il puisse dire : "Faites que je vive". Mais s'il s'adr

S'échapper du réel

Comme par un heureux hasard, surgit cette note ancienne par laquelle Gaston Bachelard s'en vient dialoguer avec le paresseux de Michaux et son âme qui se souvient de l'eau : Dans L'air et les songes, Bachelard soulève cet apparent paradoxe que rêver ne nous ferait que mieux pénétrer le réel... "Dis-moi quel est ton infini, je saurai le sens de ton univers, est-ce l'infini de la mer ou du ciel, est-ce l'infini de la terre profonde ou celui du bûcher ?"   et plus loin il affirme : "En fait, la manière dont nous nous échappons du réel désigne nettement notre réalité intime. Un être privé de la fonction de l'irréel est un névrosé aussi bien que l'être privé de la fonction du réel. On peut dire qu'un trouble de la fonction de l'irréel retentit sur la fonction du réel. Si la fonction d'ouverture, qui est proprement la fonction de l'imagination, se fait mal, la perception elle-même reste obtuse. On devra donc trouver une fili

L'âme

   L'âme adore nager.    Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va nageant. (Si votre âme s'en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l'âme partira avec une démarche et une forme différentes, c'est ce que j'établirai plus tard.)    On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement.    Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.    L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle a lu