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S'échapper du réel

Comme par un heureux hasard, surgit cette note ancienne par laquelle Gaston Bachelard s'en vient dialoguer avec le paresseux de Michaux et son âme qui se souvient de l'eau :
Dans L'air et les songes, Bachelard soulève cet apparent paradoxe que rêver ne nous ferait que mieux pénétrer le réel...
"Dis-moi quel est ton infini, je saurai le sens de ton univers, est-ce l'infini de la mer ou du ciel, est-ce l'infini de la terre profonde ou celui du bûcher ?"  
et plus loin il affirme :
"En fait, la manière dont nous nous échappons du réel désigne nettement notre réalité intime. Un être privé de la fonction de l'irréel est un névrosé aussi bien que l'être privé de la fonction du réel. On peut dire qu'un trouble de la fonction de l'irréel retentit sur la fonction du réel. Si la fonction d'ouverture, qui est proprement la fonction de l'imagination, se fait mal, la perception elle-même reste obtuse. On devra donc trouver une filiation régulière du réel à l'imaginaire."  
Cette "filiation régulière" (on dirait aujourd'hui ce "nouage"), il en trouve quant à lui le fil conducteur dans la matérialité (l'air, l'eau, le feu, la terre... restant fidèle aux quatre éléments de l'antiquité grecque), et il en tire sa belle, paradoxale et féconde idée "d'imagination matérielle".
Aujourd'hui on peut sentir à quel point cette matérialité signe une viscérale appartenance de l'être humain à sa planète. Sommes-nous en train de nous en libérer... ou  de la perdre ?
http://chantierencours.canalblog.com/archives/2012/03/20/23814973.html
Henry Moore

Commentaires

  1. Subtil Gaston Bachelard avec qui il est bon de penser que l'irréel, né de nos liens aux éléments et à notre planète, ne méconnaît pas le réel ni la loi, qu'y restant noué, il donne lieu à cette "imagination matérielle" en laquelle nous ressentons, aimons, créons. Ce n'est pas une fuite du réel mais son dépassement, son exaltation. Audace et invention. Pour la rencontrer dans la belle sculpture de Henri Moore, plongeons dans le trou!

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    1. Et subtil tout autant Henry Moore, puisqu'il sculptait toujours en intégrant le paysage, ou l'espace d'une manière générale dans ses sculptures. Elles participent donc aussi de cette double nature du réel et de l'imaginaire qui le fuit ou le transforme, avec ceci d'extraordinaire qu'on ne pourrait pas décider où est l'un et où est l'autre. Comme les sculptures sont dans l'espace et l'espace est dans les sculptures.

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