Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du juillet, 2023

Rapprochements

La guerre n'a pas un visage de femme , affirme Svetlana Alexievitch dans le titre de son très beau livre, créé à partir de témoignages de combattantes soviétiques. Les femmes africaines que met en scène Mia Couto, d'une autre manière, tout aussi émouvante et tragique, affirment la même chose dans le 1 er des 3 livres réunis par Métailié dans « Les sables de l'empereur ». En mettant la lumière sur l'empereur, ce titre porte un coup cruel aux femmes, aux femmes toujours victimes dans la guerre, comme toujours victimes dans la société patriarcale, à qui était en réalité consacré ce 1 er livre intitulé par son auteur Mulheres de Cinza , femmes de cendre. Dans le passage qui suit — on approche de la fin de ce 1 er livre — on voit que la guerre, qui dissimulait l'ampleur de son omniprésence tant bien que mal depuis le début, fait maintenant des ravages et surtout sourd de tous côtés à travers le sol, pénètre l'épaisseur de la société, les corps vivants comme le repos

Mia Couto

 Il se mit en route vers le cimetière du village. Celui qui viendrait de loin n'appellerait pas cimetière la brousse épaisse qui borde le fleuve, au nord de la localité. Mais c'était là, dans ce bois sacré, qu'on faisait reposer les défunts [...]. Les blancs disent "enterrer". Nous disons "semer les morts". Nous sommes les éternels fils du sol, nous concédons aux défunts ce que la terre délivre aux semences : du sommeil pour renaître. Les sables de l'empereur, Livre Un, Femmes de cendre, Éditions Métailié Sculpture de Ousmane Sow, Nouba

Imani

 Trois romans de Mia Couto ont été réunis en un seul par les éditions Métailié, ce que je déplore car le gros pavé que vous avez alors dans les mains n'a pas la grâce d'un vol de mouette, que j'ai trouvée à d'autres romans de Mia Couto dans leur taille originale. Mais on ne discute pas des goûts et des couleurs, dit-on. Voici seulement un petit extrait pour goûter dans le texte Mia Couto traduit en français par Elisabeth Monteiro Rodrigues : début du chapitre 5, avec son exergue : Le sergent qui écoutait les fleuves Chanceux ceux qui, cessant d'être humains, deviennent des bêtes sauvages. Malheureux ceux qui tuent sous l'ordre des autres et plus malheureux encore ceux qui tuent sans l'ordre de personne. Misérables, enfin, ceux qui, après avoir tué, se regardent dans le miroir et croient encore être des hommes. Je me rappelle le jour où le sergent Germano de Melo est arrivé à Nkokolani. En fait, on a tout de suite vu, ce jour-là, que ce Portugais était différ