Accéder au contenu principal

Uhde

En 1907, Kahnweiler ouvre une petite galerie qu'il met à la disposition de Picasso, Braque et Derain. Uhde n'est plus seul à défendre ces peintres.
À cette époque, il fait la connaissance du Douanier Rousseau et de Marie Laurencin, il est l'ami de Gertrude Stein. Deux fois par semaine il ouvre les portes de son appartement aux amis, aux critiques. Uhde habite alors 11, quai aux Fleurs, sur l'île de la Cité. Au-dessus de chez lui vit un graveur, Rudolf Grossmann, qui donne des cours à une jeune femme russe, Sonia Trek. Un jour où elle grimpe l'escalier qui la mène chez son maître, Sonia Terk remarque la porte de Uhde restée ouverte. Elle regarde discrètement. Son œil est immédiatement ébloui par les couleurs vives des toiles accrochées aux murs. Uhde s'excuse de ne pas en être l'auteur, il nomme Dufy, Derain, Vlamink, Othon Friesz, Braque... Il se présente, lui propose d'entrer.
En 1908 ils se marient. Mais c'est un mariage blanc. Sonia veut ainsi éviter d'épouser le prétendant choisi par son oncle pour la faire revenir en Russie. Elle sait le peu d'attirance de Wilhelm Uhde pour les femmes.
L'union va durer un an, puis Sonia Terk deviendra Sonia Delaunay en épousant le peintre Robert Delaunay.
C'est grâce à Sonia que Uhde rencontre le Douanier Rousseau. Il est en train de peindre La Charmeuse de serpents. Cette rencontre importante préfigure celle qu'il fera plus tard avec Séraphine et son goût pour ceux qu'il nommera "les primitifs modernes".Si Uhde se passionne pour Rousseau, il a du mal à cette époque à convaincre ses amis marchands.
Uhde organise pour ce peintre une petite exposition, exclusivement pour lui, la première. Le Douanier arrive à la galerie avec ses toiles entassées dans une charrette à bras. Uhde l'aide à faire l'accrochage et ils attendent les premiers visiteurs. Personne ne viendra. Uhde avait oublié d'indiquer l'adresse sur le carton d'invitation.
La deuxième exposition présentée par Uhde est celle des toiles de Marie Laurencin. À cette période, elle est à peine connue et n'a encore jamais rien vendu.

Françoise Cloarec, extrait de Séraphine, Phébus, 2008 
Le Douanier Rousseau, L'enfant à la poupée, 1904



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Mon Dieu

     Ce sont les pierres et le relief rugueux qui m'attirèrent d'emblée en Ardèche. Pourtant, après avoir parcouru les dix-huit hectares de ma propriété, ces coulées d'énormes pierres qui pesaient parfois des tonnes commencèrent à m'inquiéter. Je me demandais si elles étaient récentes.      Parfois j'entendais un grondement sourd de rocher qui se détachait de la montagne, fracassant tous les arbres sur son chemin. Pour calmer mon inquiétude, je me suis fait une réponse rassurante : cela n'arrivait pas souvent.      Un jour pendant que je travaillais dans mon bois de châtaigniers, le Bon Dieu est passé. Oui, c'était Régis, mon voisin. On l'appelait comme ça car il était Jésus le vendredi saint au village chaque année à Pâques. En plus, il incarnait ses qualités naturellement. C'était un homme droit, au pas lent, à la parole réfléchie. La personne parfaite à qui je pouvais poser ma question !      J'ai interrompu sa promenade en lui demandant

Julienne

  Un livre très simplement beau.  Comme un fruit, à la peau fine, qui contient tout de la vie. Elle avait poussé un grand cri. Aussitôt les matrones s'étaient précipitées autour d'elle. Elles prirent les choses en main. On repoussa mari et enfants. On tendit un rideau de pagnes pour protéger le nouveau-né et sa mère. Les matrones savaient bien ce qu'il fallait faire : couper le cordon ombilical avec une moitié de tige de roseau taillée à cet effet, remettre le cordon à la mère de l'accouchée qui l'enterrerait dans un lieu connu d'elle seule, déposer le bébé sur le ventre de sa mère qui lui sourirait et palperait son petit corps comme pour le modeler, car la mère et l'enfant doivent apprendre à se reconnaître et il faut leur laisser le temps. Puis les matrones prépareraient une jonchée d'herbes fines tapissées de feuilles de bananier sur laquelle l'accouchée serait lavée et pansée, et chaque jour, elles se relaieraient pour présenter le bébé pour qu&#

Un monde d'enfant

C'était donc au petit matin, cette nuit-là. J'habitais chez les Farges, j'avais six ans et j'étais dans mon lit lorsque j'ai été réveillé par des bruits dans la maison. Il y avait beaucoup de monde dans le couloir. J'étais frappé par cette présence de soldats et d'officiers – et surtout de policiers français en civil, avec leurs lunettes noires, leurs chapeaux et leurs revolvers – je trouvais absurde qu'ils aient des lunettes noires la nuit, ça m'intriguait. J'ai alors pensé que les adultes n'étaient pas des gens très sérieux – je n'ai d'ailleurs pas changé d'avis depuis ! – et dans le couloir il y avait aussi des soldats allemands en armes, qui semblaient gênés puisqu'ils regardaient le plafond. Ils regardaient en l'air, peut-être – j'espère – parce qu'ils avaient honte d'arrêter un enfant de six ans et demi. J'espère que c'est ça, mais je n'en suis pas sûr ! Je me rappelle bien la scène, je la

Les Zouaves

«    Par les rues du Mouillage, je me rappelle avoir vu les Zouaves en pantalon bouffant et rouge.    Bronzés comme des câpres , gais comme de vrais troupiers français, ils chantaient une chanson qui ne me revient plus. Du refrain pourtant, je me souviens — et pour cause — des derniers mots. Voilà zou-zou ! Voilà zou-zou ! Voilà zou-â-â-â-ve ! ! ! gueulaient-ils à tue-tête, en lançant leurs chéchias dans l'espace... Toutes les fenêtres de la rue se garnissaient alors de minois joliets, curieux de connaître de vrais Zouaves ! Voilà zou-zou ! Voilà zou-zou ! Voilà zou-â-â-â-ve ! ! !    Je les revois, ces Turcos, entraînant avec eux tout un cortège de gamins de toutes nuances — y compris Petit Moi !...    Ces gamins aspiraient à les voir de près, à les toucher, à les palper. Pensez-donc ! des soldats qui reviennent des champs de bataille ne peuvent ressembler à tous les autres.    Le négrillon Pierre, plus bandit que tous, se fourre entre les jambes d'un grand zouave sans